• Les enfants grandissent (5/7)

     

    Novembre arriva à sa fin, Ano avait continué de suivre ses entrainements avec Maitre Wang, que la petite fille appelait Sifu. Mais pourtant depuis quelques semaines, elle y allait en trainant les pieds, et revenait toujours d’une humeur maussade. Son frère ne lui posait aucune question et Rina avait essayé mais elle n’avait obtenu aucune réponse. Nora essaya à son tour de comprendre ce qui arrivait à sa petite fille.

    Elle frappa à la porte de la chambre d’Ano, et entra après y avoir été invité. La fillette était assise sur son lit, et caressait la tête de son serpent.

    • Est-ce qu’on peut parler ma chérie ? demanda Nora.
    • Oui, on peut parler maman, répondit la petite fille.

    La jeune mère s’installa donc sur le lit de sa fille, prés d’elle. Elle lui fit un sourire, et remit une mèche de la fillette derrière son oreille.

    • Est-ce que tu veux me parler de ce qui se passe en ce moment ?

    Ano haussa les épaules pour toute réponse. Nora observa sa fille, cherchant à comprendre, mais elle était comme son père, Nora allait devoir deviner, pour lui apporter la situation sans en avoir l’air. Ou alors attendre qu’elle se confie.

    • C’est quelque chose qui se passe avec Wang, ou bien avec toi ? demanda Nora.
    • Je ne sais pas !
    • Tu n’aimes plus t’entrainer ?
    • Si mais …
    • Mais tu n’y arrives plus, supposa Nora.
    • Sifu a fait venir d’autres enfants pour s’entrainer à plusieurs. Il a dit que c’était mieux pour progresser, mais … même si j’ai bien revissé mes postures, et mes taos, je n’y arrive pas.
    • Oh ! Il y a une chose à savoir, c’est que ton travail et ta patiente portera toujours ses fruits. Ne crains pas d’avancer lentement, il vaut mieux ça que de s’arrêter et d’abandonner, dit Nora avec le sourire. Je crois en toi, ma chérie, ajouta la jeune mère en faisant un bisou à sa fille, qui la laissa faire.

    Quelques jours plus tard, Ano revint toute joyeuse, elle avait réussi à vaincre l’un de ses adversaire et Wang lui avait donné son premier lisère, signifiant qu’elle maitrise les taos de base, ce sont les suites de mouvements représentant un combat réel.

    • Ano est de bonne humeur, aujourd’hui, commenta Nora avec un sourire à Wang qui venait de ramener la petite fille.
    • Dites-moi, avez-vous déjà suivit des principes bouddhistes ? demanda Wang.
    • Non du tout !
    • Votre fille passe beaucoup de temps à vous citer, ou bien à dire que vous dites la même chose que des principes de Bouddha, dit Wang.
    • Oh, je suis mère, ça explique tout, fit Nora avec le sourire.
    • Oui, sans doute, dit Wang avec le sourire en quittant la maison.

     

    Décembre arriva à son tour, Toma, lui de son côté, continuait ses cours avec Pyrite, il développait ses pouvoirs. Il avait, enfin, montré à Pyrite ce qu’il était capable de faire. Déplacer des objets sans les toucher.

    • J’aimerais essayer quelque chose, dit Pyrite, mettant une baguette dans la main de Toma.
    • Maman a dit que j’aurais ma baguette à onze ans, dans deux ans.
    • Utilise le sort qui te plait.
    • Lumos !

    La baguette se mit à briller, Pyrite sourit, il pourrait presque déjà commencer son apprentissage magique.

    • Intéressant ! commenta l’adjoint du ministre ne reprenant sa baguette.
    • J’ai avancé sur le carnet, dit Toma en lui tendant une page.

    Toma avait confiance en lui, mais il n’a pas encore mis le carnet entier entre les mains de Pyrite, et il doute de le faire un jour. Pyrite est curieux des idées de l’enfant, même si elle manque de rigueur et de possibilités. Le jeune garçon avait presque commencé par la fin. Il y avait des idées de refonte du ministère, mais aucune façon de comment « détruire » l’actuelle organisation du ministère. Le mangemort avait suivi Voldemort, dans l’espoir de rendre le monde meilleur pour les sorciers, mais son petit garçon est tout aussi intéressant, tout aussi puissant. Il avait une intelligence brute qui pourrait peut-être manque d’empathie, de compassion.

     

    A la maison, Doriana a sept mois, elle arriva déjà à ramper au sol, et s’amuse aussi à rouler sur le dos et le ventre. Elle met tout à la bouche, et aime rire. Nora et Wiskhey la laisse souvent assise dans le petit parc où elle s’amuse bien. Mais ce sont surtout les nuits, les plus difficiles avec la poussée dentaire qui continue. La jeune femme passe de longues minutes, des heures à observer sa fille dormir, regrettant que Tom rate ces moments, comme il l’avait fait avec Ano, Toma mais aussi Rina.

    Le matin suivant, Rina vint chercher sa mère pour lui montrer quelque chose dans sa chambre, la petite fille tirait sa mère par sa main.

    • Ma chérie, qu’est-ce qui se passe ?
    • Canari est revenu, mais je ne sais pas trop quoi faire.
    • Ah bon, pourquoi ?
    • Regarde ! dit la petite fille en ouvrant une petite boite.

    Le même nid qu’elle avait préparé lors qu’elle avait trouvé la petite vive dorée. Nora posa son regard à l’intérieur de la boite, il y avait des œufs de vive doré à l’intérieur.

    • Oh !
    • Oui, mais regarde, continua la petite fille en prenant dans ses mains, Canari.

    Le petit oiseau était mort, il n’y avait plus rien à faire pour lui.

    • Il est mort ? demanda la petite fille.
    • Oui, ma chérie, répondit la jeune mère, elle posa sa main sur la joue de la petite fille, mais je crois qu’elle t’aimait beaucoup pour venir te confier ses œufs. C’est à toi de prendre soin d’eux maintenant.
    • Il va y avoir plein de petits canaris ?
    • Au revoir, Canari ! fit la fillette.

    Elle donna une dernière caresse à la créature, puis elle posa le corps de l’oiseau sur le bord de la fenêtre, et le fit tomber au sol à plusieurs mètres en contre-bas.

    • Hé ! On aurait pu l’enterrer, fit Nora en se penchant par la fenêtre, mais impossible de voir le petit oiseau.
    • A quoi ça sert de l’enterrer, il est mort, il ne reviendra pas. J’aurais pu donner à Aaron, mais il n’aime pas les plumes dans sa gorge, et Neige préfère chasser, commenta la petite fille en observant avec attention les œufs.

    Nora regarda sa fille, la main sur son cœur, elle était bouleversée par les mots de sa fille. Qu’est-ce qu’elle était censée répondre à ça ? Que pouvait-elle dire ?

    • Qu’est-ce que tu vas faire pour ces petits oiseaux ? demanda Nora.
    • Je vais les nourrir, leur apprendre à voler. Canari m’a fait confiance, ils deviendront les canaris les plus forts et les plus rapides au monde. Tu crois qu’on peut trouver un livre pour apprendre à élever les oiseaux ? demanda la petite fille.
    • Ça doit se trouver, répondit la jeune mère qui avait l’impression de retrouver sa petite fille si gentille. On peut faire ça pour ton anniversaire, proposa Nora.
    • Chouette, fit Rina en sautillant sur place, toute joyeuse avec le sourire.

    Nora se demanda si elle était triste d’avoir perdu Canari, elle avait peur de connaître la réponse, d’entendre des mots encore plus tristes. Nora avait peur de la façon dont ses enfants percevaient la mort. La jeune mère ne posa aucune question, et quitta la chambre de Rina, après un câlin pour la réconforter peut-être inutilement.