• La Vie et la Mort (4/4)

    Chapitre 19 : La Vie et la Mort (4/4)

     

     

     

    Aujourd’hui c’était le 31 décembre, l’anniversaire de Tom et aussi la fin de l’année 1997. Nora savait que Cissy organisait une soirée pour l’occasion. La jeune fille se leva et emballa son cadeau dans un joli papier qu’elle mit ensuite dans un petit sac. Elle décida de le garder sur elle toute la journée, espérant pouvoir le lui donner dès que possible. Elle nourrit ses enfants qui commençaient à prendre le biberon mais la jeune maman continuait pourtant de leur donner le sein, surtout le matin. Enfin, elle les lava et les habilla. Elle mit une robe verte et grise avec un papillon dans le dos à Anora. Pour Toma, elle choisit un tee-shirt vert assortis d’un petit pantalon blanc avec un serpent vert sur la jambe. La petite maman les plaça dans leurs transats qu’elle transportait presque partout avec elle. Elle se rendit donc avec ses transats sous le bras dans la cuisine pour prendre son petit déjeuner. Elle avait l’habitude de le prendre seule ou en compagnie du couple Malefoy. Ce fut donc une belle surprise de voir Tommy assis en bout de table. Elle s’avança et posa ses enfants sur la table, non loin d’elle, puis prit place juste à côté de Tom.

    - Bonjour ! fit-elle dans un sourire en se servant un bol de lait.

    Elle se mit à prendre son petit déjeuner, en observant Voldemort du coin de l’œil. Lui-même regardait ses enfants. Nora était contente et souriait heureuse de prendre ce repas presque ensemble, comme une famille. Sa famille à elle toute seule !

    - Oh, tiens, bon anniversaire, dit-elle en poussant doucement le cadeau vers Tom.

    Ce dernier le regarda à peine. Elle s’était attendue à cette réaction mais elle en fut tout de même un peu peinée. Voldemort se leva, prit tout de même l’étui et sortit de la pièce sans dire un mot. La petite sorcière ne comprenait pas très bien pourquoi il avait pris le temps de rester avec eux, c’était la première fois. Elle soupira et termina son croissant.

     

    Le soir, ce fut le réveillon pour le nouvel an. Les enfants étaient couchés et Wiskey veillait sur eux. Nora se trouvait dans la salle de réception. Elle portait une robe verte à paillettes qui brillait sous les lumières tamisées des bougies. Elle était contente de passer un bon réveillon avec ses amis. L’an dernier, elle se trouvait dans la forêt interdite avec Slughorn. Elle avait un peu de mal à imaginer que cela faisait déjà un an ! Il s’était passé tellement de choses cette année. Elle parcourut les invités du regard. Peter était présent, ainsi que Severus, Fenrir, Lucius, Drago, Narcissa et puis Bellatrix. Tous faisaient la fête, célébrant la nouvelle année. Voldemort était au pouvoir. Ils pouvaient agir à leur guise, comme ils le voulaient, modelant le monde comme ils leur plaisaient. Nora se contentait de boire du champagne en saluant tout le monde. Un buffet était installé dans un coin de la pièce, les elfes de maison avaient fait un travail magnifique. La petite sorcière picorait dans les assiettes, notamment les crevettes dont elle raffolait. Il y avait également des toasts de saumon accompagnés de tout un tas d’autres choses à grignoter. Le centre de la pièce était entièrement dégagé pour permettre aux invités de danser sur une musique parfois douce, parfois un peu plus endiablée.

     

    Vers minuit, tout le monde se souhaita une bonne année. La jeune fille serrait des mains ou faisait des bises. Quand soudain une main saisit la sienne et l’entraina dans un salon adjacent. Nora se retourna pour faire face à Bellatrix qui se tenait devant elle. Elle prit peur et voulut faire demi-tour.

    - Attends ! s’écria la brune en bloquant la porte.

    Coincée, la petite sorcière se retourna donc vers elle et attendit qu’elle parle. Bellatrix semblait avoir le regard dans le vide et dégageait une forte odeur d’alcool. Elle devait avoir beaucoup trop bu.

    - Je sais que tu es …. Spéciale ! dit-elle en crachant le mot, pour le maître et… je suis jalouse ! Je te hais, tu ne peux même pas imaginer à quel point. J’ai voulu vous tuer, toi et tes enfants… je savais qu’ils étaient ceux… du maître mais je ne voulais pas le croire….

    - Je sais déjà tout cela ! Je l’ai compris, il y a longtemps. Je sais que vois me trouvez faible et inutile, que je suis tout ce que vous ne voudriez surtout pas être. Mais vous représentez tout ce que je ne veux pas être non plus… Je ne serais jamais une mangemort ! Et j’’aimerais que vous me le pardonniez.

    - Pardonniez ?! répéta Bellatrix dont le visage portait encore les cicatrices du feudeymon.

    - Oui, d’avoir espéré pendant une seconde que vous mourriez ! dit Nora en s’avançant vers la porte qu’elle ouvrit sans mal.

    - J’ai exécuté tous les ordres qu’il m’a donné avec joie. J’avais tellement peur qu’il m’ignore, je les ai commis dans le seul but de lui plaire. Mais il ne me prête aucune attention, aucune. Depuis que je le suis, il ne m’a jamais accordé un seul regard. Tandis que moi, je brûle d’amour pour lui ! confessa la mangemort dans un souffle.

    Nora se retourna vers elle et lui sourit timidement. Elle non plus n’avait que peu de chance de percer son cœur. Dumbledore lui avait dit que Tom ne l’aimerait jamais mais ce n’était pas ce qu’elle attendait de lui.

    - Vous savez, vous restez tout de même sa mangemort favorite, sa préférée, sa plus dévouée et cela ne changera pas ! tenta de la rassurer la jeune maman. Et ce bien qu’elle n’éprouva finalement pas grand-chose à l’égard de la jeune femme si ce n’étais qu’un sentiment de tristesse, presque de pitié.

    - Bonne année ! ajouta-t-elle en quittant la pièce sans se retourner.

    Toutes les deux étaient aux antipodes l’une de l’autre. L’une ne voulait pas devenir l’autre et vice-versa. Elles ne pourraient sans doute jamais s’apprécier et encore moins s’aimer mais Nora refusait de la haïr, c’était bien trop lourd à porter.

     

    Le mois de février commença et l’Angleterre fut recouverte par une épaisse couche de neige. Nora marchait en suivant Tommy. Il avait dit avoir une surprise pour elle. Mais bon, avec lui, les surprises étaient rarement bonnes… Il s’était jeté un sortilège de désillusion mais Nora parvenait à le percevoir au soleil. Il s’arrêta devant une grande bâtisse moderne, les murs étaient blancs, et ils faisaient face à une porte vitrée. Une grande pancarte annonçait : Maison de Retraite, les peupliers blancs ». Tom reprit sa marche et entra dans le bâtiment. C’était tous des moldus et Nora se mit à craindre qu’il ne décide de les attaquer. Mais Tom poursuivit son chemin dans les couloirs, la petite sorcière le suivant docilement. Il s’arrêta devant une porte et transplana aussitôt, laissant la jeune fille seule et désemparée devant le nom qu’elle pouvait lire sur la porte : Eléanore Honey ! Sa mère !

    Elle allait faire demi-tour mais en se retournant, elle se trouva face à une autre femme d’une soixantaine d’année. La jeune fille reconnut sa sœur, Ellen Honey, comme si les années qu’elle avait vécue n’avait pas effacé la sensation que Nora avait ressenti le jour où sa famille l’avait abandonnée.

    - Toi ! s’écria Ellen, effarée.  Elle poussa sa petite sœur à l’intérieure de la chambre de sa mère. Tu es bien un monstre, Papa avait raison, dommage qu’il ne soit pas là pour voir ça. Un démon avec un visage d’enfant, voilà ce que tu es. Tu es monstrueuse ! continua-t-elle en crachant toute sa haine et toute sa rage sur la pauvre petite sorcière.

    Cette dernière se mit à pleurer. Quand elle croisa le regard de sa mère qui s’était réveillée, elle y vit toute la peur et la crainte qu’elle lui inspirait...

    - Tu es venue me tuer ? demanda-t-elle d’une voix faible.

    - Non… mère…

    - Ne l’appelle pas comme ça, ce n’est pas ta mère, vil démon ! coupa Ellen, en levant la main et en affligeant une baffe à Nora.

    Cette dernière posa sa main sur sa joue en pleurant, ne sachant pas quoi faire. Elle suppliait que quelqu’un vienne la chercher de cet enfer, elle ne voulait pas revivre ça ! Non plus jamais !

    - Tommy ! fit-elle d’une petite voix en sachant que s’il entrait dans la pièce, il les tuerait toute les deux. Arrête ! cria-t-elle à sa sœur.

    Elle aurait tellement voulu que leurs retrouvailles se passent comme celle de Druella et Andromèda. Mais sa mère et sa grande sœur ne voulaient pas faire l’effort de la comprendre, de la respecter, de l’aimer tout simplement. Elle s’était excusée quand son père l’avait trainé dans les bois. Elle avait dit qu’elle était désolée ne pas être comme toutes les autres petites filles mais rien n’y avait fait et l’enfant qu’elle était alors s’était quand même retrouvée seule dans les bois.

     

    - Papa ! criait-elle

    Elle courrait entre les grands arbres mais son père avait disparu et très vite le ciel avait commencé à s’assombrir. Elle s’était alors recroquevillée dans les racines d’un arbre en pleurant. Épuisée, elle s’était finalement endormie. Le lendemain matin, elle avait ouvert les yeux en croyant à un cauchemar. Mais il continuait toujours, elle avait marché et courut pendant longtemps. Elle avait fini par perdre ses chaussures et elle avait froid, si froid. Elle avait erré dans les bois pendant des jours, se nourrissant de fruits. Elle avait fini par retrouver la civilisation, mais avait paniqué en voyant un homme armé … d’une lampe. Terrorisée, elle avait tenté de fuir mais l’homme était parvenu à la rattraper, la tenant par le bras. Elle avait mordu, griffé et donné des coups pour être libérée mais le policeman avait tenu bon et amené la petite fille à l’hôpital. Et un autre enfer avait commencé. Elle avait été soignée, lavée, nourrit mais elle avait compris qu’elle ne reverrait jamais sa famille, que c’était fini. Elle avait même fini par croire qu’elle était véritablement le monstre que ses parents lui avaient décrit. Ces quelques jours, perdue dans les bois lui avait paru bien long, très long, bien plus long que les trois mois qu’elle avait passé enfermée dans sa chambre. Après cela, elle avait été conduite à l’orphelinat. Elle y avait rencontré Tom et il l’avait sauvé.

     

    - C’est vous, les monstres ! C’est vous qui m’avez lâchement abandonné dans les bois. C’est vous les démons. Moi, je suis une sorcière et fière de l’être ! s’écria Nora.

    - Tais-toi, sale petite…. Le dernier mot se coinça dans la gorge de sa sœur.

    - Les moldus doivent se soumettre aux sorciers car ils ne valent rien ! Soyez reconnaissant et soumettez-vous ! asséna la voix de Voldemort en redevenant visible. Nora se demanda depuis quand il était là ?!

    - Ahhh… cria la mère de Nora, horrifiée. Elle était devenue étrangement verte. Elle posa sa main sur son cœur et s’éteignit sans un mot.

    Nora la regarda. Elle n’éprouvait ni tristesse, ni compassion, ni pitié, ni joie, non il n’y avait rien.

    - Soumettez-toi ! Exigea Tom en s’avançant vers Ellen.

    Cette dernière plia sous le puissant Doloris que le mage noir venait de lui envoyer mais elle était incapable de crier, Voldemort lui ayant aussi lancé un sort de mutisme.

    - Arrête, murmura la petite sorcière. Mais le mage noir n’écouta pas et continua de la torturer encore et encore dans un silence absolu.

    Nora ferma les yeux et tira sur la manche de Tom, ou bien le poussait en posant ses mains sur son torse pour le forcer à arrêter, mais rien n’y faisait. Ellen finit par tomber dans les pommes et il cessa enfin de lancer des sorts. Il s’était lassé de ce petit jeu, comme un chat abandonnant la souris avec laquelle il s’était amusé. Il encercla le corps de Nora dans ses bras et transplana en l’emmenant avec lui. Arrivée à destination, elle se dégagea de lui. Elle n’était pas en colère, ni même triste. … Au moment où elle avait vu le nom sur la porte, elle avait su que ça finirait de cette façon. Sans l’espérer, sans le vouloir, elle savait c’est tout.