• Chapitre 18 : Les autres joueurs (1/3)

     

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    Harry, Ron, Hermione et Ginny se dirigeaient vers le lac, suivant en silence le professeur McGonagall. Ils se dirigeaient vers le parc où des centaines de chaises avaient été alignées. Une table de marbre se tenait au bout de l’allée. C’était une belle journée d’été. Quelques heures après la rentrée, Poudlard perdait son directeur, le monde perdait son plus grand sorcier. Une assistance d’une extraordinaire diversité s’était déjà installée sur la moitié des chaises. Les riches côtoyaient les pauvres, les jeunes se mélangeaient aux vieux. Harry reconnaissait certaines personnes comme les membres de l’Ordre, Kingsley Shacklebolt, Maugrey Fol Œil, Tonks avec son ventre arrondi. Et puis Sirius Black qui sourit tristement en croisant le regard de son filleul. Mrs Weasley et ses enfants. Bill et sa future femme Fleur. Fred, Georges, Charlie…. Et tellement d’autres personnes qu’Harry connaissait plus ou moins. Il avait espéré, ou plutôt pensé, que Nora aurait peut-être pu venir.

    Le quatuor d’amis avait pris place au bout d’une rangée près du lac. Cornelius passa près d’eux. Il avait perdu du poids et affichait une mine déconfite. Après la mort de Scrimgeours, le Ministère s’était trouvé un nouveau ministre, Pius Thicknesse. C’était sans doute un mangemort, au mieux était- il soumis à l’impérium. Mais que ce soit l’un ou l’autre, cela placé le Ministère sous le contrôle de Voldemort. Nul doute que Fudge devait être terrorisé, surtout maintenant que ce qui aurait pu être le dernier rempart face à la fureur du mage noir venait de tomber. La diligence du Ministère était présente. Pour faire bonne figure peut-être. Il y avait Ombrage avec une expression chagrinée très peu convaincante. Percy Weasley qui restait figé, rigide, le visage tendu. Et Pius Thicknesse qui était assis sur une chaise du premier rang et affichait une mine d’enterrement. Harry se demandait si quiconque parmi ces personnes importantes du ministère regrettait vraiment la mort de Dumbledore.

    Une musique étrange s’éleva alors, comme venue d’un autre monde. Le jeune survivant regarda autour de lui, cherchant d’où cela pouvait bien provenir.

    - Là-bas, lui murmura Ginny à l’oreille.

    Il distingua un chœur d’être de l’eau chantant dans une langue insolite qu’il ne comprenait pas. Malgré le frison sur sa nuque, le chant n’était pas désagréable pour autant. Il évoquait le deuil et le désespoir. Soudain, Ginny lui donna un coup du coude et il se retourna. Hagrid remontait lentement l’allée qui séparait les chaises. Il pleurait en silence, le visage luisant de larmes. Dans ses bras, enveloppé de velours pourpre parsemé d’étoiles d’or, il portait le corps de Dumbledore. Les sanglots de l’assistance accompagnaient sa marche. A cette vision, Harry sentit monter dans sa gorge une terrible douleur. Ron était blême et bouleversé. Ginny et Hermione pleuraient de grosses larmes qui tombaient sur leurs genoux.

    Le corps de Dumbledore reposait désormais sur la plaque de marbre. Un petit homme, les cheveux en épi, vêtu d’une simple robe noire, s’était levé et se tenait à présent devant le corps du vieux directeur de Poudlard. Il commença son discours. Dumbledore était mort, parti à jamais… Des larmes roulèrent sur les joues de Harry. Il détourna la tête vers le lac pour que personne ne le voit pleurer… Il aperçut les Centaures venus rendre un dernier hommage à Dumbledore. Le petit homme semblait avoir cessé de parler de la grandeur, de la noblesse et de l’intelligence du vieux professeur. Des flammes blanches, éclatantes, avaient jailli tout autour du corps de Dumbledore. Un phénix s’envola dans le bleu du ciel. Un instant plus tard, le feu s’était éteint. A la place, une tombe de marbre blanc se refermait sur le corps de Dumbledore et la table sur laquelle il reposait. Les centaures lancèrent une pluie de flèches qui retombèrent bien loin de la foule puis les êtres de l’eau s’enfoncèrent dans le lac.

    - Ginny, écoute, murmura Harry en enlaçant les doigts de sa belle, je ne peux pas rester avec toi ! Nous devons cesser de nous voir.

    - Nous ne pouvons pas continuer ensemble. Il y a des choses que je dois faire seul maintenant…, poursuivit-il, la george nouée.

    - Je ne peux pas prétendre que je sois surprise. Je savais que ça finirait de cette façon. Je savais que tu ne serais pas heureux si tu ne te lançais pas à la poursuite de Voldemort. C’est peut-être ce qui me plait tant chez toi.

    Après une dernière caresse sur le dos de sa main, Harry se leva. Hermione et Ron vinrent le rejoindre. Ils regardèrent tous les trois le vieux château.

    - Je ne peux pas supporter l’idée que nous ne reviendrons peut-être plus jamais ici. Comment pourrait-on fermer Poudlard ? demanda Hermione même si cela ne demandait pas particulièrement de réponses de la part de ses deux amis.

    - Je ne reviendrais pas, même si l’école rouvre ! annonça Harry.

    - Je savais que tu dirais ça. Mais que vas-tu faire ? interrogea la jeune fille.

    - Je pensais retourner à Godric’s Hollow. Pour moi, tout a commencé là-bas. J’ai l’impression que je dois y revenir. J’aimerais bien me rendre sur la tombe de mes parents.

    - Et ensuite ? demanda Ron

    - Ensuite, il faut que je retrouve les autres Horcruxes. C’était ce qu’il voulait que je fasse, c’est pour ça qu’il nous a tout révélé. Si Dumbledore avait raison, - ce qui est le cas, j’en suis sûr -, il en reste encore cinq. Je dois les retrouver et les détruire. Et enfin je pourrais partir en quête du septième morceau de l’âme de Voldemort, la part qui est toujours dans son corps.

    - On vient avec toi, déclara Ron.

    - On va t’accompagner, où que tu ailles, compléta Hermione.

    - Non ! répliqua aussitôt Harry.

    - Tu nous as dit, un jour, qu’il était encore temps pour nous de revenir en arrière, si nous le voulions. Le temps nous l’avons largement eu, non ? fit Hermione à voix basse.

    - Nous serons avec toi, quoiqu’il arrive, assura Ron.

    En débit de tout, du chemin sombre et tortueux qui s’ouvrait devant lui, de la douleur d’abandonner Ginny, en dépit de sa confrontation finale avec Voldemort, qu’il savait inéluctable, dans un mois, dans un an, dans dix, en dépit de tout, Harry se sentit le cœur plus léger à la pensée qu’il pouvait encore profiter d’une journée paisible et ensoleillée en compagnie de Ron et d’Hermione.

     

    Plus loin, se tenait Mrs Weasley, Sirius, Tonks. Tous les trois, en plus de Dumbledore, avait perdu quelqu’un de cher, de très cher. Molly avait perdu son mari, Tonks avait perdu le père de son enfant, et Sirius l’un de ses derniers amis d’enfance. Alors que les chaises étaient presque toutes vides désormais, Mrs Weasley ; la mine affligée par tout ce qui était entrain de lui arriver ; écoutait la conversation des autres d’une oreille distraite quand un « pop » retentit. Dobby, tenait le corps inconscient de Mr Weasley suspendu dans le vide par le sort de l’elfe.

    - Arthur ! s’écria-t-elle en courant vers lui.

    Dobby le reposa à terre.

    - Molly ! fit Fol Œil en l’attrapant pour l’empêcher de se jeter sur lui. Ce n’est pas peut être pas lui ! argua Maugrey.

    - Monsieur l’Auror, Dobby a veillé sur lui depuis trois jours, c’est bien Mr Weasley ! dit le petit elfe.

    - Raconte-moi tout, Dobby ! demanda Maugrey.

    - Monsieur, le jeune Malefoy est venu voir Dobby en cuisine et l’a prié de se rendre au manoir. Dobby y est allé. Mlle Nora a aidé Monsieur Weasley à s’enfuir, et elle a protégé Dobby, raconta le petit elfe de maison. En apprenant la mort de Mr Dumbledore, Dobby n’a pas voulu rentrer tout de suite au château, nous sommes restés cachés un moment ! Dobby connait plein de cachettes. Et nous avons ramené Mr Ollivanders dans sa famille.

    - Je vois ! commenta Maugrey. Conduisez-les à l’intérieur, fit-il.

    Sirius lança un sort pour transporter Mr Weasley à l’intérieur. Il était suivi par Molly et tout le reste de sa famille, ainsi que par Harry, Hermione et les autres amis d’Arthur. A l’infirmerie, Mme Pomfresh s’activa à soigner le corps meurtri de ce pauvre Mr Weasley. Les conversations allaient bon train, chacun essayant de comprendre les derniers événements.

    - Qu’est-ce qui s’est passé ? demanda Bill en tenant Fleur dans ses bras.

    - Apparemment, Arthur est revenu ! répondit Sirius, mais il faut attendre son réveil pour savoir s’il n’a pas de séquelles et s’il n’a pas été soumis à l’impérium.

    - Comment est-il revenu ? demanda Ron

    - Nora ! répondit simplement Sirius. Elle a envoyé Malefoy Junior prévenir Dobby qui est allé chercher Arthur au manoir des Malefoy.

    - Nora ! répéta Ron en fronçant les sourcils.

    Harry ne savait que penser de la jeune fille. Elle semblait vouloir continuer à les aider, mais parfois elle agissait contre eux. Il ne parvenait pas à savoir pourquoi. Le jeune homme n’avait parlé à personne de l’état de la petite sorcière. Elle avait sûrement accouché maintenant.

    - Malefoy est allé jusqu’à dire « s’il te plait » à Dobby pour l’envoyer chez lui ! précisa Hermione, c’est très surprenant de sa part. C’est pour ça qu’il est arrivé en retard au festin, ce n’est donc pas lui qui a ouvert la porte aux mangemorts, comprit-elle.

     

    Hermione, Ron et Harry avaient quitté l’infirmerie et se trouvaient devant la porte dévastée du bureau directorial. Ils y entrèrent et firent le tour des lieux une dernière fois avant de partir à la quête des Horcruxes. Hermione regardait la bibliothèque, il y avait de grands livres précieux et très rares, qu’elle aurait bien empruntés. Elle tomba sur les registres de Poudlard. Elle ouvrit l’ouvrage de l’année 1991, y trouva son nom, celui de Harry, Ron, Neville, Drago et tous les autres de son année. Dans celui de l’année 1992, elle lu le nom de Ginny, de Luna et des autres. Elle feuilleta les autres années et arriva à l’année 2008, c’est-à-dire les enfants qui sont nés avant le 1er septembre, et qui était inscrit à l’école Poudlard. Ses yeux tombèrent sur deux noms, assez familiers : Toma Honey et Anora Honey.

    - Venez voir ça ! s’écria-t-elle, les deux garçons s’approchèrent et regardèrent par-dessus son épaule. Là ! fit-elle en pointant du doigt les deux noms.

    - Ce sont les enfants de Nora ! commenta Ron, Harry ne put s’empêcher de se demander si leur père n’était pas Voldemort, ce qui était sans doute le cas.

    - Oui ! répondit Hermione.

    - J’ai trouvé autre chose, fit Harry, qui n’avait pas trop envie de parler de ça.

    Hermione reposa le registre et suivit Harry, vers le bureau du directeur. Il ouvrit un tiroir, et en sortit une boite blanche, dedans il y avait un tas de bonbons au citron, ainsi que des dizaines de papier ouvert. Harry prit le petit parchemin, et l’ouvrit.

    - Vous aviez raison, vous avez toujours raison, et vous aurez encore raison. Pardon et Merci ! Avec toute mon affection. Nora ! lut Harry.

    - Vous croyez qu’ils sont empoisonnés ? demanda Ron en reposant un des bonbons qu’il venait de prendre.

    - Peut-être que oui ! fit une voix, les faisant sursauter tous les trois.

    Derrière eux, Sirius et Alastor se tenaient sur le pas de la porte. Le vieil auror s’avança vers le groupe et prit tous les bonbons qu’il étala sur le sol, puis se mit à marmonner des formules magiques en tournant autour, mais rien ne semblait se manifester. Horace Slughorn arriva à son tour, et vit les bonbons par terre. Il en prit et le mit à sa bouche, avec que quiconque ne réagisse. Ils se mirent tous à le regarder étrangement.

    - Quoi ? demanda-t-il

    - Les bonbons ! répondit Maugrey, abasourdi.

    - Quoi ? les bonbons ! Ce sont ceux de Nora. Je préfère ceux à l’ananas, mais au citron, ils ne sont pas mauvais. Si je me souviens bien, Dippet avait ceux à l’orange.

    - Oui, c’est bien ça ! répondit le portrait du professeur en question

    - Têtenjoie avait ceux à la menthe, commenta le professeur Dumbledore depuis son portrait.

    - Et moi, ils étaient à la groseille, fit la grosse voix de Hagrid. Ogg, le garde-chasse de l’époque en avait à la fraise, ajouta-t-il d’un ton nostalgique, un peu rêveur.

    - Personne ne savait d’où ça venait, c’est seulement quand Nora a disparu que nous avons tous compris, raconta Dippet.

    Tous convinrent que les bonbons n’étaient pas empoisonnés