• La Vie et la Mort (1/4)

     

    Chapitre 19 : La Vie et la Mort (1/4)

     

     

    Trois mois que Nora était enfermée dans sa chambre, avec la salle de bain et les toilettes adjacentes. Trois mois qu’elle n’avait pu voir personne, mis à part ses enfants. Trois mois qu’elle n’avait pu avoir une conversation. Même l’elfe de maison avait reçu l’ordre de ne pas lui adresser la parole. Trois mois qu’elle était seule. Heureusement, elle avait ses enfants à ses côtés. Seulement trois mois. La petite maman avait passé de longues heures à regarder soit par la fenêtre soit ses enfants dormir. Elle avait lu de très nombreux ouvrages. Un jour, elle avait eu la surprise de découvrir une vieille radio-magique dans un fond d’armoire. Cela l’avait beaucoup aidé de pouvoir entendre des voix humaines dont certaines étaient familières. La station Potter-ville était sa préférée. Elle était heureuse d’avoir sauvé Arthur et de savoir qu’Harry était toujours vivant.

    Whiskey apparut avec son repas. Elle posa le plateau sur le lit, fit une petite révérence, avant de disparaitre, comme elle était venue. La jeune fille prit le repas. Cela devait être celui du midi vu la hauteur du soleil dans le ciel. Elle mangea en silence, de toute façon, elle n’avait personne avec qui parler. Le mois de Septembre avait été très long. Elle avait tapé et crié à la porte pour qu’on lui ouvre, en vain. Bellatrix était venue la narguer plusieurs fois en riant. Mais cette voix, cette femme, elle pouvait s’y faire et passer outre. Par contre le cri de Narcissa derrière la porte lui était insupportable. Elle s’était effondrée contre la porte en pleurant, suppliant Tom d’arrêter, mais le cri de Cissy ne s’était tu que tard dans la nuit. Quelques jours plus tard, la visite de Lucius s’était avérée difficile.

    - Voilà ce qui arrive quand on n’obéit pas au Maitre ! A l’avenir, abstenez-vous ! avait-il fait méchamment.

    - Narcissa va bien ? osa-t-elle demander timidement.

    - Ça ira ! avait-il répondu.

    C’était la dernière fois que quelqu’un lui avait parlé. Elle était seule ! Il ne s’était passé que trois mois, seulement trois mois. Nora avait l’impression que cela faisait des années qu’elle était enfermée. Une heure lui avait paru une journée, une journée c’était une semaine. Une semaine, un mois… Puis tout le temps s’était confondu et elle était perdue. Elle ne savait même plus quel jour venait de se lever. Est-ce un mardi ? Est-ce le mois de Novembre ?

     

    Allongée, repliée sur elle-même, serrant contre elle un oreiller en pleurant en silence, Nora entendit un cliquetis et la porte s’ouvrit doucement. Elle se releva du lit et observa Voldemort entrer dans la pièce. Elle soupira en se retournant vers le mur, exprès. La jeune fille ne voulait pas le voir. Non, elle ne céderait pas. Mais elle était tellement triste d’être toute seule. Ce n’était pas elle de céder, non.

    - J’ai ouvert la porte ! commenta Voldemort sur un ton dur.

    Nora ne répondit rien. Seule Anora émit un petit gazouillis.

    - Je peux te laisser trois mois de plus pour réfléchir à ta conduite, Nora ! fit-il d’un ton condescendant.

    - Non, murmura-t-elle timidement au milieu de ses larmes.

    Elle se tourna vers lui. Il était debout à côté du lit, la regardant simplement. Elle se redressa et entoura ses bras autour du mage noir avant de plonger sa tête dans le creux de son cou.

    - Non, ne me laisse plus ! supplia-t-elle d’une voix désespérée. Tom lui avait tellement manqué. Est-ce normal de vivre ainsi ?

    Elle s’accrocha à lui en serrant aussi fort qu’elle le pouvait. Elle ne voulait pas voir le regard de Tom qui était sans doute méprisant, hautain et colérique. Il posa ses mains sur les hanches de la jeune fille afin de la soulever. Elle encercla sa taille avec ses jambes pour s’accrocher davantage à lui. Heureuse de le voir, de le toucher, elle en oubliait d’être en colère contre lui.

    - Seras-tu sage, Nora ? demanda Voldemort

    - … J’essayerai… Oui ! répondit-elle en pleurant de se soumettre ainsi à lui. Mais je … te demande une chose… Je ne veux pas t’appeler Maitre !

    Elle resta accrochée à lui, sentant la tension parcourir le corps de Tom. Il attrapa ses cheveux pour la tirer en arrière. Le visage de la jeune fille s’approchant du sien, il prit sa bouche sauvagement avec la sienne. Malgré cela, la petite sorcière, refusant de croiser le regard du mage noir, répondit naturellement à son baiser.

    - Descend ! ordonna-t-il d’un ton froid.

    Nora se détacha de lui à regret. Il recula d’un pas et l’observa un moment. Puis il quitta la chambre.

    - Viens avec moi ! ordonna-t-il à nouveau. Elle jeta un regard vers ses enfants.

    - Ils ne risquent rien ! lui dit-il.

    La petite maman suivit donc le père de ses enfants en silence.

    - Toma a eu sa première dent ! lança-t-elle en chemin alors que Tom la conduisait vers la salle à manger du manoir.

    - Et Anora est en train de percer la sienne. Il faudrait leur acheter des hochets, peluches et petits jouets, ajouta la jeune fille. Voldemort s’arrêta et se retourna vers elle.

    - Tu iras avec Narcissa, commenta-t-il en ouvrant la porte.

     

    Tous les mangemorts étaient là, debout, attendant que le mage noir entre dans la pièce. Elle le suivit et alla à sa place habituelle. Severus était là. Elle lui sourit puis regarda Tom prendre place en maitre.

    - Severus.

    - Oui, maître ! répondit-il en inclinant la tête.

    - Demain, tu prends tes fonctions de Directeur de Poudlard ! Maintenant que j’ai main mise sur le Ministère ! dit-il en hochant la tête vers Thicknesse.

    - Et de Poudlard, ajouta-t-il en regardant Rogue, j’ai donc un voyage à entreprendre pour trouver une puissance baguette.

    - Maitre, une baguette ! fit un mangemort.

    - Oui, Gregorovitch a été d’une aide précieuse.

    Nora fronça les sourcils. De quelle baguette puissante parlait-t-il ? Ce n’était quand même pas de la baguette de Sureau. « Les Reliques de la Mort : la Baguette, la Pierre et la Cape. C’était le conte des trois frères » se rappela une voix dans la tête de Nora. Abelforth lui avait parlé de ses objets lorsqu’il avait évoqué la mort de sa sœur.

    - Non, pas cette bague… commença-t-elle avant de s’évanouir sur le sol.

     

    Elle reprit ses esprits quelques minutes plus tard. En ouvrant les yeux, elle vit le plafond noir de la pièce. C’était très silencieux. Elle se redressa et constata que la salle était vide hormis la présence de Tom toujours assis sur sa chaise en bout de table.

    - Tu es réveillée, Nora ! lança-t-il d’une voix froide, même glaciale. La jeune fille en eut des frissons jusqu’au bout des doigts et des orteils. Que sais-tu de cette baguette ? Réponds-moi ! exigea-t-il de son ton impérieux.

    - Il s’agit… de la Baguette de Sureau ?

    - Oui, c’est bien une appellation que Gregorovitch a utilisé. Il a dit l’avoir eu entre les mains mais elle a été volée par un homme blond.

    - C’est l’une des trois reliques de la mort ! dit-elle timidement.

    - Les quoi ? demanda Voldemort

    - Les reliques de la mort. Il en existe trois. La Baguette plus puissante que toutes les autres, la Pierre permettant de ressusciter les morts et la Cape qui permet à son possesseur de devenir invisible.

    - Où … as-tu appris tout ça, Nora ?

    - Dans le conte des trois frères de Beedle le Barde ! répondit-elle. Je l’ai lu il y a peu de temps, ajouta-t-elle en repensant aux trois mois qu’elle venait de passer seule. »’(yu

    - Un conte !? répéta Voldemort d’un ton moqueur. Elle était bien stupide de croire qu’un conte puisse révéler une vérité.

    - Mais … Grindelwald y croyait lui. Et d’ailleurs il était blond ! répliqua la sorcière. Peut-être est-ce lui qui a volé cette baguette ?

    Voldemort se leva, l’attrapa par le bras, et elle sentit le transplanage. Quelques instants plus tard, elle et Tom se trouvaient devant une forteresse noire.

    - Où sommes-nous ? interrogea la jeune fille.

    - A la prison de Nuremgard. Là où fut enfermé Grindelwald après sa chute par Dumbledore, répondit Voldemort

    La forteresse noire possédait une haute tour. Il agrippa la jeune fille par la taille et s’envola avec elle vers la plus haute fenêtre. Ce n’était qu’une simple fente dans la roche noire, pas assez large pour permettre le passage. Une silhouette squelettique était tout juste visible au travers, recroquevillée sous une couverture… Le mage noir lança un sort qui fit tomber une partie du mur avant de pousser la petite sorcière dans la cellule. La silhouette squelettique était celle d’un homme, un vieillard. L’homme se redressa et fixa Voldemort de ses grands yeux enfoncés dans leurs orbites en souriant.

    - Vous voici donc… Je me doutais que vous viendriez… un jour ? Mais votre voyage aura été vain. Je ne l’ai jamais eu.

    - Tu mens.

    Nora se releva tant bien que mal et croisa le regard de Grindelwald. Elle baissa la tête et la tourna vers Voldemort. Ce dernier se tenait debout et fixait le vieillard.

    - Les trois reliques, où sont-elles ? demanda-t-il. Où est la baguette ?

    Grindelwald continuait de lui sourire d’un air méprisant. Nora les observait l’un et l’autre, ne sachant pas quoi dire ou quoi faire.

    - Tuez-moi donc, Voldemort, la mort sera la bienvenue ! Mais elle ne vous apportera pas ce que vous cherchez… Il y a tant de choses que vous ne comprenez pas …

    Voldemort devint furieux. Nora regardait Grindelwald, voulait-il vraiment mourir ? Sans doute que oui ! La jeune fille prit une grande inspiration et s’approcha du vieil homme. Elle s’accroupit devant lui et lui offrit un sourire bienveillant et doux.

     

    - Dumbledore vous attend de l’autre côté de la rive ! murmura-t-elle.

    Grindelwald la regarda un moment, surpris. Tom l’attrapa par l’épaule et l’obligea à se relever. Grindelwald reporta son attention sur Voldemort.

    - Tuez-moi maintenant !  Exigea le vieil homme. Vous ne vaincrez pas, vous ne pouvez pas vaincre ! Cette baguette ne sera jamais à vous…

    Voldemort laissa exploser sa fureur. Un éclair vert illumina la cellule du prisonnier et le vieux corps gracile fut soulevé de son lit, raide et droit, puis retomba sans vie. La sorcière poussa un cri et détourna le regard de ce triste spectacle. Elle sentit les bras du mage noir encercler sa taille et ils transplanèrent ensemble. Pleurant, elle ne vit pas où ils étaient arrivés. Elle se laissa tomber sur un banc.

    - Cesse donc de pleurer, petite idiote ! la réprimanda Voldemort d’un ton froid et méprisant. Nora hoqueta et essuya ses larmes avec sa manche. … Maintenant dis-moi ce que tu sais de la Baguette, tout de suite, ordonna-t-il.

    La jeune fille se rendit compte qu’ils étaient dans le parc du manoir Malefoy qui se dressait derrière elle. Devant elle coulait une douce rivière dont elle entendait le clapotis. Elle ne voulait pas répondre à cette question.

    - Ceux qui savent racontent que si les reliques sont réunies, elles feront de leur possesseur le Maitre de la Mort ! répondit-elle dans un hoquet dû au fait d’avoir pleuré. Elle se balançait doucement d’avant en arrière sur le banc alors que Tom faisait les cent pas devant elle.

    - Sais-tu où elles se trouvent, Nora ? demanda-t-il.

    - Oui ! murmura-t-elle faiblement.

    Le mage noir cessa de faire les cent pas et s’arrêta devant elle, approchant son visage du sien.

    - Dis-moi ! ordonna-t-il impérieusement

    - La cape d’invisibilité, c’est Harry qui l’a… La pierre de Résurrection se trouve sur la bague … ta bague, celle transformée en Horcruxe… et la Baguette…. C’est … La baguette, reprit-elle avec un soupir de tristesse… C’est Dumbledore qui l’avait.

    - Dumbledore ! répéta-t-il.

    Il leva les yeux vers le ciel dans un mouvement de réflexion puis reporta son attention sur Nora. Il lui sourit et prit brutalement sa bouche. Elle répondit à son baiser. Il se redressa et quitta le banc en marchant vers le Manoir Malefoy. La jeune fille le suivit en silence en sentant ses larmes couler à nouveau. Ne venait-elle pas de trahir Dumbledore ? Elle pouvait toujours se dire que Tom aurait trouvé tout cela, mais cela changeait-il vraiment ce qu’elle venait de faire ?

    - Pardon ! murmura-t-elle en regardant le ciel dans un espoir vain que son message arrive jusqu’à Dumbledore, son vieux professeur préféré. Elle ferma les yeux et entra dans le manoir dont la porte se referma brutalement derrière elle.